Berne-Bellecour, peintre de l’autre dans la grande guerre

Le nom de Jean-Jacques Berne-Bellecour (1874-1939) est aujourd’hui oublié, pourtant à la faveur de l’acquisition de ce Cavalier Nord africain à cheval, daté de 1915, c’est un regard sensible sur ces soldats venus des « colonies » qui se donne à voir.

Jean-Jacques Berne-Bellecour (1874-1939), Cavalier nord africain dans la forêt,
signée et daté 1915 en bas à droite, 34.5 x 29 cm

J’ai été immédiatement intrigué et séduit par cette aquarelle, pour l’accord de couleurs d’abord, pour la maîtrise technique et enfin pour son sujet et les sentiments qu’elle inspire :
La noblesse du port de ce soldat nord africain et ce sentiment de froid, de déplacement.
La figure de Berne-Bellecour est intéressante: élève de Léon Gérôme et de d’Edouard Detaille surtout. De Gérôme il a assurément retenu la maîtrise de la couleur et de ses accords, de Detaille – dont il sera beaucoup question sur ce site – un vrai talent pour le portrait et la psychologie au-de-là d’un aspect documentaire.
C’est pendant la Grande Guerre qu’il devient à part entière peintre militaire. Et il va en particulier s’intéresser aux troupes coloniales. Celles là mêmes qui font de cette guerre européenne une guerre mondiale. Très loin de ce que l’on pourrait imaginer d’un regard hautain ou condescendant.
Comme dans notre aquarelle, il s’attache à donner des ces hommes une image qui traduise à la fois leur noblesse, leur courage et leur désarroi sur un théâtre d’opérations si éloigné de leurs patries.
Pour mieux le dire il dépeint ce soldat nord africain de la manière dont il a peint ailleurs Napoléon mais en lui donnant plus de profondeur psychologique.